Lettre ESG - Performance ESG de nos entreprises en 2023

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   Publié le  
July 9, 2024
 par 
BDL Capital Management

Lettre ESG - Performance ESG de nos entreprises en 2023

Chers co-investisseurs,

Comme l’année dernière, nous rendons compte dans cette note de la performance ESG en 2023 des entreprises dont nous sommes actionnaires. Cette analyse porte sur les fonds BDL Convictions et BDL Transitions.

Sur les indicateurs clés que nous suivons, les conclusions sont très satisfaisantes :

·        Dans la grande majorité, les entreprises sont parvenues à baisser leurs émissions de CO2 en 2023.

·        Les progrès sur les scores au CDP Climate ont continué.

·        65% des sociétés ont des objectifs CO2 validés par le SBTI ou sont engagées pour faire valider leurs objectifs.

·        Dans la plupart des sociétés, la part des femmes dans les équipes de management augmente.

L’analyse ESG de BDL est incarnée par notre outil de scoring propriétaire QIRA. Depuis le début, notre philosophie est de construire un ESG qui soit concret plutôt que théorique, pragmatique plutôt que dogmatique, et surtout qui reflète fidèlement nos priorités en tant qu’actionnaires. Cette analyse QIRA doit nous donner des pistes d’engagement et nos actions d’engagement doivent nourrir QIRA en retour. Les deux sont liés.

Pour rappel, chaque entreprise en portefeuille fait l’objet d’une analyse QIRA et d’une note sur 20. Des seuils minimums pour investir sont exigés (10/20 pour BDL Convictions, 12/20 pour BDL Transitions).

Au-delà d’un bon management et d’une gouvernance transparente et compétente, les deux priorités sur lesquelles nous mesurons les progrès des entreprises en portefeuille sont :

·        La transparence, l’ambition et l’exécution de la stratégie climat.

·        La capacité à promouvoir la diversité dans les équipes managériales.

 

Stratégie climat des entreprises en portefeuille

Nous évaluons la stratégie climat avec 3 questions clés qui couvrent cette problématique :

1.       Est-ce que l’entreprise parvient à réduire ses émissions de CO2 (Scope 1+2) d’une année sur l’autre en absolu (en intensité si changement de périmètre significatif) ?

2.       Est-ce que la stratégie climat est transparente et exhaustive dans l’analyse des risques, des opportunités et la mise en place d’une gouvernance efficace ?

3.       Est-ce que les objectifs de réduction de CO2 sont assez ambitieux et, de préférence, validés par SBTi ?

Il nous semble que si nous pouvons répondre un « oui » franc à ces 3 questions, alors l’entreprise fait très bien son travail et apporte sa contribution à l’ambition collective de respecter les Accords de Paris. En tant qu’actionnaires cela nous rend confiant sur la capacité de la société à adapter son modèle économique pour pérenniser voire accroitre sa valeur.

Sur la première question de la réduction annuelle des émissions, les résultats sont très bons. Le tableau ci-dessous indique le % d’entreprises qui ont réduit les Scope 1&2 en 2023 vs 2022

Que ce soit dans BDL Convictions ou BDL Transitions, plus 75% des entreprises ont baissé leurs émissions en 2023. Pour celles qui y sont parvenues, la baisse moyenne ou médiane est supérieure à 10%, significativement plus rapide que les projections de baisse demandées au niveau mondial pour maintenir un réchauffement climatique inférieur à 2°C.

En masses absolues, les réductions les plus significatives dans BDL Convictions sont les suivantes :

Ce tableau est intéressant car il ne concerne que des entreprises industrielles, parfois critiquées pour leur appartenance à des secteurs vus comme particulièrement nocifs pour la planète. Nous sommes actionnaires car nous avons une vision plus nuancée et plus pragmatique des choses. En effet, nous constatons que 1/ le monde ne peut pas actuellement fonctionner sans ces entreprises 2/elles font un bon travail pour diminuer les émissions sous leur contrôle direct. Pour Total Energies par exemple, la baisse significative provient de la baisse du taux d’utilisation des CCGTs et des projets de réduction d’émissions comme la réduction de brûlage en Angola et au Nigéria. Pour Saint-Gobain ce sont les efforts de consommation d’une électricité décarbonée et des améliorations opérationnelles qui ont payé.

Pour BDL Transitions, les résultats sont les suivants :

Là encore, les plus fortes baisses viennent d’entreprises industrielles. Pour Orsted, la baisse vient du Scope 1 avec une forte baisse de l’utilisation du charbon en partie compensée par l’augmentation de l’utilisation du gaz. Dans l’ensemble, BDL Transitions est plus exposé à des secteurs peu émissifs, ce qui explique que les baisses d’émissions en montant absolu soient moins importantes.

Dans l’ensemble, la performance de nos entreprises est d’autant plus satisfaisante que plusieurs d’entre elles parviennent à réduire leurs émissions tout en affichant une activité (chiffre d’affaires) en croissance.

Le tableau ci-dessus montre la croissance moyenne annuelle du chiffre d’affaires des entreprises qui ont baissé leurs émissions entre 2022 et 2023.

Dans BDL Transitions, parmi les entreprises qui ont baissé leurs émissions de CO2, plus de 70% d’entre elle sont augmenté leur chiffre d’affaires en même temps, de 10% en moyenne. Dans BDL Convictions, c’est plus de la moitié des entreprises dont les émissions baissent qui parviennent à augmenter leur chiffre d’affaires, en moyenne aussi de 10%. Ces sociétés démontrent qu’il est possible de réconcilier croissance et baisse des émissions de CO2. Parmi ces très bons élèves, on trouve par exemple ASML, Airbus, Legrand ou encore Siemens.

Ce phénomène très enthousiasmant devrait continuer les prochaines années. Au fur et à mesure que le solaire et l’éolien remplacent les énergies fossiles, le Scope 2 de nos entreprises peut baisser plus vite. On voit déjà cette tendance dans les chiffres 2023 et elle va continuer. Le scope 1 prendra plus de temps mais là encore le processus est en marche : l’électrification des procédés industriels, l’identification d’une série de mesures individuelles pour améliorer l’efficacité énergétique, le développement de l’hydrogène vert, les installations de capture du C02 sont autant d’initiatives dont le déploiement accélère.

Pour répondre à notre deuxième question sur la qualité de la stratégie climat des entreprises, nous analysons les réponses de nos sociétés au questionnaire CDP Climate ainsi que le score obtenu. Là encore, les résultats sont très encourageants. Ils montrent des scores très élevés en moyenne, un taux de réponse proche de 100% et une progression de la part de plusieurs entreprises.

Ryanair, Elior, Reckitt, BNP Paribas, ASML et Legrand ont obtenu le meilleur score de A en 2023, progressant encore malgré un score honorable de B en 2022.

Enfin, concernant notre troisième question sur l’ambition et la fiabilité des objectifs de réduction de CO2,notre analyse repose sur les résultats et les validations SBTi. Cette initiative est la plus connue et fait autorité dans le domaine même si elle n’a pas encore officialisé un cadre méthodologique pour certains secteurs comment le Pétrole & Gaz ou encore la chimie.

Pour une grande partie, nos sociétés sont engagées avec le SBTi et ont souvent des objectifs cohérents avec la plus forte ambition, à savoir des objectifs alignés avec un scénario de réchauffement de la planète limité à 1,5°C. On peut citer Qiagen, Iberdrola, Kingspan, Reckitt ou encore Arkema.

En conclusion, en 2023, la performance climat de nos entreprises est très satisfaisantes tant pour BDL Convictions que BDL Transitions. Une grande majorité d’entre elles sont parvenues à réduire leurs émissions tout en augmentant leur chiffre d’affaires et leurs stratégies sont claires et ambitieuses comme en témoignent les résultats au CDP et au SBTi.

 

Promotion de la diversité dans les équipes managériales

Nous avons fait de ce sujet une de nos priorités dans le cadre de l’analyse QIRA. Les raisons sont les suivantes :

1.       La diversité est une source de création de valeur au niveau de l’entreprise et de son management.

2.       Il est possible d’objectiver la performance des sociétés sur ce thème.

3.       La qualité et la comparabilité de l’information publiée sont satisfaisantes.

4.       C’est régulièrement un critère de rémunération du management.

Notre analyse principale porte sur la comparaison entre le % de femmes dans les effectifs et le % de femmes dans les équipes managériales. Cela permet de normer les industries pour éviter les biais entre celles qui ont structurellement beaucoup de femmes dans leurs effectifs (ex. Luxe) et celles qui en ont très peu (ex. Construction). D’autre part nous focalisons sur les équipes managériales élargies plutôt que sur le conseil d’administration ou le comité exécutif. En effet, quand les périmètres sont trop étroits ou sujets à des contraintes réglementaires, les chiffres peuvent être plus facilement « manipulés ». C’est un risque bien plus limité quand on analyse un périmètre de 50, 100 ou 200 managers par exemple.

Nous considérons que la politique diversité est en bonne voie quand nous observons une ou plusieurs des conditions ci-dessous :

·        Il existe un écart limité entre le % de femmes dans les effectifs et dans les équipes de management.

·        Il existe un objectif chiffré, dans un délai donné, pour combler cet écart.

·        On observe une progression annuelle de la tendance.

Sur cette mesure de la diversité, là encore nos entreprises ont fait un très bon travail en 2023.

La part des femmes dans les équipes de management a progressé dans plus de 80% de nos entreprises, et la moitié d’entre elles ont fixé un objectif chiffré avec un horizon précis pour continuer d’améliorer la diversité managériale. Parmi celles qui montrent l’exemple, on peut citer Arkema, Equinor, Rentokil ou encore Airbus.

Deux points cependant viennent pondérer le propos et montrer qu’il reste encore un potentiel important d’amélioration : 1/ la parité est majoritairement atteinte dans le cas des entreprises où la part des femmes dans les effectifs est inférieure à 30% 2/ en absolu, il n’existe pas d’entreprises où la part des femmes dans les équipes managériales est de 50% ou plus. Les entreprises les plus proches sont JDEPeet’s (41%), Vivendi (40%) et Munich Re (39.5%).

 

Engagements et Prochaines étapes de l’analyse ESG

Courant 2023, nous avons continué a rencontré régulièrement les entreprises pour faire des points ESG.

Nous avons mené deux actions qui nous semblaient très importantes en tant qu’actionnaires. La première a porté sur le plan de succession de Pierre-André de Chalendar en tant que président de Saint-Gobain. Nous sommes très satisfaits de la décision finale du conseil d’administration qui a été de confier à Benoît Bazin les rôles de Président et Directeur Général. C’était notre recommandation car Benoît Bazin, depuis sa nomination comme DG du groupe, a fait un travail remarquable pour recentrer et renforcer Saint-Gobain. Il reste encore beaucoup de potentiel qu’il pourra pleinement réaliser dans ce rôle élargi.

En tant qu’actionnaire significatif d’Elior, nous avons été actifs au moment du changement capitalistique et de l’arrivée du groupe Derichebourg au capital. Nous avons œuvré pour dissiper les potentiels conflits d’intérêt et nous assurer du juste traitement des minoritaires. Nous sommes là encore satisfaits du résultat et optimistes pour la suite. L’arrivée du groupe Derichebourg contribue au changement culturel d’Elior avec une attention renforcée au niveau des coûts et de l’efficacité des process. Dans un métier à faible marge, c’est typiquement le savoir-faire dont la société a besoin.

Ces deux exemples confirment notre approche en matière d’engagement, « less is more ». Mieux vaut choisir de traiter pleinement un sujet important plutôt que de s’éparpiller en abordant une grande quantité de sujets ESG qui sont parfois anodins.

La prochaine évolution de QIRA porte sur l’intégration de premiers éléments de biodiversité. A ce titre, il est utile de rendre compte de notre approche en la matière.

Nos travaux sur la biodiversité ont amené les observations suivantes :

·        La donnée nécessaire est plus complexe que pour le sujet du climat et moins disponible, donc inutilisable à grande échelle.

·        Les sociétés elles-mêmes n’ont souvent pas de stratégie biodiversité, ne savent pas collecter la donnée et ne communiquent pas sur le sujet.

·        Les fournisseurs externes d’empreinte biodiversité ont développé des concepts intéressants (ex. MSA) mais qui reposent sur trop d’hypothèses normatives et qui ne sont pas utilisés par les entreprises. En conséquence, ces indicateurs sont utiles en théorie, moins en pratique, à l’exception du reporting réglementaire ou marketing.

·        Toutes ces observations montrent que le niveau de maturité du sujet biodiversité est au moins 10 ans derrière celui du climat.

Notre conclusion est simple : allons pas à pas, en commençant par des choses simples comme favoriser l’amélioration de la donnée et le partage des pratiques.

Concernant les données, nous adoptons le processus que nous avions établi il y a 6 ans sur le climat : demander aux sociétés de répondre au CDP, de reporter selon la TCFD puis de se fixer des objectifs d’amélioration validés scientifiquement. Cet écosystème n’est pas encore finalisé pour la biodiversité mais il est pleinement opérationnel pour la première étape.

Nous avons donc commencé à intégrer les scores au CDP Water et Forest dans le modèle de scoring QIRA. Nous les avons rendu obligatoires pour certains secteurs, optionnels pour d’autres. Notre 1er objectif est l’engagement avec les entreprises qui ne répondent pas au questionnaire CDP quand il est obligatoire dans QIRA.

En fonction du score aux questionnaires CDP, comme pour le climat, QIRA donne une note, de telle façon que pour les entreprises ou les CDP Water et/ou Forest sont demandés, ce score compte pour 25% à 33% de la note Environnement.

Nous avons décidé d’utiliser le CDP Water et Forest pour plusieurs raisons :

·        Nous avons accès directement aux réponses des entreprises plutôt qu’à des interprétations d’un quelconque fournisseur de données.

·        Le changement d’affectation des sols (déforestation) est la première cause de perte de biodiversité donc le CDP Forest est une base pertinente.

·        De même, l’eau douce rassemble 10% des espèces animales vivantes sur terre2 alors qu’elle ne représente que 2.5% de l’eau sur notre planète et que seulement 1% de cette surface est accessible. Le CDP Water qui demande des informations clés comme les quantités de prélèvements et de rejets, de pollution etc… est donc un outil capital pour améliorer la bonne gestion de l’eau dans le monde.

·        Nos entreprises répondent quasiment toutes au CDP Climate maintenant. Elles sont donc habituées à la procédure, en reconnaissent l’utilité, ce qui les rend plus ouvertes à échanger sur CDP Water et CDP Forest.

Ces éléments montrent qu’en intégrant le CDP Water et le CDP Forest, en plus du CDP Climate, nous abordons une grande partie de la problématique biodiversité tout en utilisant une approche qui nous permet un engagement constructif avec nos entreprises.

Concernant le partage des pratiques, nous avons intégré un groupe de travail (GT) sur la biodiversité à l’AFG. L’objectif du GT est de produire un guide, à destination des sociétés de gestion, qui recense les démarches possibles pour conduire une analyse biodiversité d’une entreprise ou d’un portefeuille. C’est aussi un moyen pour nous d’échanger et de comparer les bonnes pratiques au sein du GT, ce qui nous permettra de faire évoluer notre propre démarche au besoin.

 

Pour conclure, concernant nos priorités ESG en tant qu’actionnaires, 2023 est une bonne année. Sur la stratégie climat, la plupart de nos entreprises ont des politiques claires, des objectifs ambitieux et surtout démontrent qu’elles arrivent à baisser leurs émissions sans pour autant abandonner leur croissance. En parallèle, sur le plan social, elles ont poursuivi leurs efforts pour faire progresser la diversité managériale et nous n’avons pas constaté de manquements graves dans la gestion du personnel.

Maintenant que le degré de maturité sur le climat est satisfaisant, nous avons commencé à aborder le thème de la biodiversité avec une approche pragmatique centrée sur 2 piliers :1/intégrer une variable biodiversité dans le scoring QIRA 2/ quand cela pertinent, engager les sociétés pour les convaincre de l’importance de répondre au CDP Water et Forest.

Nous vous souhaitons un bel été.

 

L’équipe de BDL Capital Management

 

1Parité signifie que le % de femmes dans les équipes managériales est supérieur ou égal au % de femmes dans les effectifs

2https://www.freshwaterwatch.org/pages/why-fresh-water

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